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Trump cherche-t-il de manière délibérée à ralentir l'économie américaine ? - 17/03
Ce lundi 17 mars, Léa Dauphas, chef économiste de TAC Economics et Alain Bokobza, responsable de la stratégie d’allocation d’actifs chez Société Générale CIB, se sont penchés sur le risque de récession aux États-Unis, le recul de l’indice de confiance des ménages américains, le plan d’investissement en Europe, l’entrée de BPI France au capital de Veolia et les nombreuses incertitudes concernant les marchés, dans l’émission BFM Bourse présentée par Antoine Larigaudrie.
États-Unis : Ralentissement économique sous Trump – stratégie assumée ou risque conjoncturel ?
Le retour de Donald Trump sur la scène politique américaine soulève une interrogation cruciale : les États-Unis cherchent-ils délibérément à freiner leur croissance économique ? Dans un contexte de tensions géopolitiques, de protectionnisme renforcé et d’incertitudes sur les marchés, Léa Dauphas, cheffe économiste chez TAC Economics, a livré une analyse éclairante sur le plateau de BFM Bourse – Le Club.
Un ralentissement maîtrisé de l’économie américaine
L’économie des États-Unis montre des signes de ralentissement, mais selon Léa Dauphas, ce phénomène est partiellement voulu et reste sous contrôle. « Il faut éviter les lectures caricaturales. Oui, il y a un ralentissement, mais il est maîtrisé. »
Les indicateurs clés – activité industrielle, consommation des ménages, confiance des consommateurs – pointent vers une décélération modérée, sans basculement dans la récession.
Ce ralentissement semble s’inscrire dans une stratégie post-Covid : contenir l’inflation et éviter une surchauffe économique.
La Réserve fédérale (Fed), entre indépendance et pression politique
Un enjeu central de cette dynamique est le rôle de la Réserve fédérale américaine. Donald Trump continue de faire pression pour des baisses de taux d’intérêt rapides. Mais pour Léa Dauphas, la Fed ne peut se laisser instrumentaliser :
« Elle ne peut pas agir comme un bras armé politique. Elle doit préserver sa crédibilité. »
Les marchés, eux, oscillent entre l’attente de baisses de taux et la crainte d’un signal de récession sous-jacent à ces décisions.
Politique économique de Trump : entre relance fiscale et protectionnisme
Le discours économique de l’ancien président américain est empreint de contradictions. D’un côté, il prône une politique de relance par des baisses d’impôts et des investissements industriels. De l’autre, il accentue le protectionnisme commercial via la hausse des droits de douane.
Ces mesures créent un climat d’incertitude, en particulier pour les entreprises :
« Les enquêtes de confiance montrent clairement que l’incertitude liée à la politique commerciale pèse sur l’investissement. »
Géopolitique et économie : un facteur désormais structurant
L’un des points clés de l’analyse de Léa Dauphas est l’intégration du risque géopolitique dans les modèles économiques de TAC Economics :
« Ce n’est plus un simple bruit de fond. C’est devenu un moteur de la dynamique économique. »
La posture de confrontation de Trump, notamment envers la Chine, redéfinit les flux commerciaux et influence durablement la structure du commerce mondial.
Vers une reconfiguration structurelle de l’économie américaine ?
Et si ce ralentissement était en réalité le début d’une transformation de fond ? Léa Dauphas évoque l’hypothèse d’un découplage économique, visant une Amérique plus autosuffisante et moins intégrée aux chaînes de valeur mondiales.
Un changement qui pourrait impliquer un ralentissement assumé de l’activité, en contrepartie d’un renforcement des industries stratégiques nationales.
Conclusion : entre stratégie et incertitude économique
Léa Dauphas propose une lecture lucide : il ne s’agit pas d’un sabotage économique, mais d’une série de choix qui peuvent induire un ralentissement économique volontaire. L’avenir dépendra de deux facteurs clés : la capacité de la Fed à rester indépendante, et la clarté stratégique de l’administration Trump.